Les hôteliers doivent considérer cette responsabilité non pas comme un fardeau, mais comme une opportunité de s’engager de manière significative et continue avec les parties prenantes de la destination tout en développant des systèmes de gestion de l’eau et des déchets plus efficaces et durables.

C’est un aperçu du « bon tourisme » par les universitaires activistes Yesaya Sandang et Stroma Cole.

Les conflits socio-écologiques augmentent alors que les destinations du monde entier sont confrontées à des pressions d’approvisionnement en eau dues au surtourisme, à la croissance démographique et au changement climatique.

Dans tous les cas, les membres les plus pauvres et les plus marginalisés d’une communauté d’accueil, tels que les femmes, les enfants et les personnes handicapées, souffrent le plus en raison de leur accès inéquitable à l’eau douce.

Nous pensons qu’une approche fondée sur les droits de l’homme pourrait faire avancer les initiatives qui ont poussé les hôtels à réformer leurs systèmes de gestion de l’eau, telles que les directives de gestion de l’eau de la Sustainable Hospitality Alliance.

Notre approche s’inspire des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, qui fournissent la première norme mondiale pour prévenir et traiter les risques d’impacts négatifs sur les droits de l’homme associés aux activités commerciales, y compris les hôtels et le droit humain à l’eau (HRtW).

La définition de l’ONU du droit humain à l’eau est d’avoir accès à une eau suffisante, sûre, accessible et abordable.

En vertu des Principes directeurs des Nations Unies, les hôtels ont la responsabilité de respecter le droit humain à l’eau, quels que soient leur taille, leur secteur, leur contexte opérationnel, leur propriété et leur structure, ou leur zone géographique.

En outre, les Principes directeurs insistent sur la diligence raisonnable, en particulier lorsque l’eau est rare ou de mauvaise qualité, ou lorsque l’activité commerciale affecte l’approvisionnement en eau des communautés vulnérables ou marginalisées.

Cela signifie que les hôtels doivent tenir compte de leur impact sur les autres usagers de l’eau, y compris leur droit à l’eau.

Notre étude, publiée dans le Journal du tourisme durablea révélé les défis auxquels sont confrontés les hôteliers dans leur capacité ou leur volonté de respecter le HRtW, et pourquoi les hôtels n’adoptent pas volontairement les Principes directeurs de l’ONU.

Les facteurs d’entrave comprennent :

  • un manque de sensibilisation;
  • un manque de régimes volontaires substantiels;
  • le tarif de l’eau ;
  • l’absence de gestion des données ;
  • le retour sur investissement, le profit et l’image publique étant prioritaires sur les considérations environnementales ; et
  • des réglementations inadéquates et leur application.

Nous avons également constaté qu’il n’est pas simple d’attendre des hôtels qu’ils respectent volontairement le droit humain à l’eau.

Cela nécessite de solides freins et contrepoids entre le droit public et la gouvernance de la société civile pour guider et faire pression sur les hôtels pour qu’ils améliorent leur responsabilité environnementale.

Ainsi, l’utilisation durable de l’eau dans les destinations nécessitera la responsabilité complémentaire de l’État, des hôteliers et des communautés locales.

Le tourisme ne sera jamais durable si le droit humain à l’eau n’est pas respecté par les entreprises touristiques telles que les hôtels.

Par conséquent, nous suggérons d’intégrer les droits de l’homme aux évaluations d’impact sur l’eau (HRWIA) dans le cadre d’évaluation d’impact environnemental existant comme solution potentielle.

Des organisations telles que l’Institut pour le tourisme durable ont plaidé pour une évaluation intégrée où les droits de l’homme (y compris le HRtW) sont intégrés dans le cadre des évaluations d’impact environnemental, social et sanitaire.

Dans notre Journal du tourisme durable article, nous identifions les domaines critiques de compréhension pour l’évaluation de l’impact HRtW d’un hôtel, qui, si elle est menée de manière rigoureuse, permettrait un engagement entre les hôtels et leurs communautés.

En conséquence, les hôtels pourraient gérer l’eau en collaboration avec les communautés locales, tout en préparant et en assurant toute remédiation par des processus légitimes.

Une participation communautaire significative est au cœur du tourisme durable. Les Principes directeurs des Nations Unies soulignent l’importance d’un dialogue significatif avec les parties prenantes potentiellement touchées et accordent une attention particulière aux communautés défavorisées.

En appliquant cette compréhension aux évaluations d’impact liées à l’eau, les communautés locales doivent être en mesure de participer de manière significative à l’élaboration et à l’influence du processus d’évaluation lui-même, ainsi que des conclusions et des décisions liées à l’impact.

Dans le respect du droit humain à l’eau, les considérations de gestion de l’eau dans les hôtels ne doivent pas se limiter au domaine et aux opérations d’un hôtel, mais doivent être étendues à toutes les autres parties prenantes de manière participative et contextuelle.

Divulgation des auteurs : Cet article est une version courte de notre article « Utiliser une approche des droits de l’homme pour améliorer l’utilisation de l’eau et la durabilité des hôtels », Yesaya Sandang & Stroma Cole (2022), Journal du tourisme durable, DOI : 10.1080/09669582.2022.2108041

L’image sélectionnée (haut de l’article) : Les hôtels et le droit humain à l’eau. Image par mrjn Photography (CC0) via Unsplash.

À propos des auteurs

Yesaya Sandang et Dr Stroma Cole
Yesaya Sandang et Dr Stroma Cole

Yesaya Sandang est chargée de cours à la Faculté des études interdisciplinaires de Université Kristen Satya Wacana, Indonésie. Il étudie l’intersection du droit, du tourisme et des droits de l’homme, notamment en utilisant des approches socio-juridiques. Yesaya est également une militante affiliée à des ONG de développement communautaire et de défense des droits humains en Indonésie.

Stroma Cole est maître de conférences en tourisme à Université de Westminster, Londres, Royaume-Uni. Le Dr Cole est également directeur de L’égalité dans le tourisme. S’intéressant au genre, au développement du tourisme responsable, aux droits de l’homme et aux liens entre le tourisme et les ODD, elle est une chercheuse militante qui critique les conséquences du développement du tourisme. Stroma est éditeur associé pour Annales de la recherche touristique et fait partie des comités de rédaction de Journal du tourisme durable et Géographies touristiques.

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