La monnaie

Lmonnaie eut elle aussi une renommée au delà des frontières. De bon aloi, le sol morlan se retrouva le long des voies de pèlerinage.

Frappée au château de la Hourquie, elle n’était au départ qu’une simple pièce d’argent et de billon (monnaie de cuivre ou de bronze).

Par la suite, Gaston Febus fit exécuter des écus d’or.

Morlaàs conserva son atelier monétaire jusqu’en 1690, date à laquelle la presse de fonte fut transférée à Pau.

Les Fors

Il appela ensuite au peuplement en créant les Fors de Morlaàs, charte de privilèges, qui représentait en cette période de pleine féodalité une chance de vie meilleure. C’est grâce à lui que Morlaàs put s’agrandir, sous la pression des nouveaux arrivants.

Ce Fors eut une destinée brillante puisque d’autres villes, dont Pau, demandèrent à être peuplées au Fors de Morlaàs.

Le For de Morlaàs est rédigé en Latin par le vicomte Guillaume-Raymond de Moncade en 1220 ; ce dernier reproduit en partie la charte octroyée aux habitants de Morlaàs au début du XIIème siècle par Gaston IV le Croisé (en 1117 à la veille de son départ pour sa chevauchée andalouse) et Talèse, son épouse.

Son histoire

La ville de Morlaàs possède un patrimoine historique et religieux très important. Son histoire commence dès le XIème siècle.

Elle fut capitale du Béarn de 1080 à 1260, après Lescar, et première capitale politique devant Orthez et Pau.

L’histoire raconte qu’au XIème siècle, le seigneur résidant à Lescar aurait souhaité partir car l’évêque vivait en ce même lieu.

Il arriva à Morlaàs où existait déjà le bourg Saint Nicolas. Il décida de fortifier le tout et d’ériger le château de la Hourquie, dont personne aujourd’hui ne connaît l’emplacement exact.

Les armoiries de Morlaàs

En l’an de grâce 1080, du temps où le Béarn était indépendant, régnait Centulle IV ou V, prince souverain de Béarn. Centulle avait épousé Gisla, sa pupille mais également sa nièce, à un degré prohibé par l’église.  Le scandale causé par cette union revint aux oreilles du Pape Grégoire VII  qui lui demanda de répudier son épouse sous peine d’excommunication.

Centulle accepta, la mort dans l’âme de se séparer de son épouse et fit figurer sur son blason ainsi que sur les pièces de monnaie la croix du Christ largement étalée, en signe de renoncement et de soumission.

Le blason est inscrit sur fond bleu, la croix largement étalée sur toute sa surface est de couleur dorée ainsi que les pièces de monnaie inscrites dans chaque coin.

Ces armoieries sont inscrites sur les blasons que l’on disposait au Moyen-Age  aux entrées de Morlaàs, lors de la réception de personnalités. Elles étaient inscrites sur le bouclier et les oriflammes du Seigneur de Béarn pendant les combats et se retrouvent également sur les poids officiels.

Les poids et mesures de Morlaàs

Le système pondéral a fait partie des libertés octroyées à certaines villes du Béarn au Moyen-Age. Morlaàs est une des rares villes béarnaises à avoir obtenu ce privilège, mention faite dans le For Général de 1106 (le For général est le droit commun du Béarn).

Ces poids étaient utilisés dans les transactions commerciales sur les marchés notamment (et Morlaàs a eu des marchés très réputés au Moyen-Age), dans les boutiques, entre particuliers et dans toutes les négociations qui faisaient appel à des pesées.

Morlaàs possède le privilège de posséder une série de poids en bronze timbrés aux armes de la ville. L’un des poids porte la date : MVCLXXVI pour 1576.

Ils sont visibles dans les locaux de l’Office de Tourisme.

Le mobilier de 1730

Le meuble Béarnais n’a eu pour naître, s’épanouir et trouver son identité, à peine plus d’un siècle. Pourtant, on est surpris, en y regardant de plus près, de la diversité de ses formes, de ses sculptures, de ses bois…

Son âge d’or est le 18° siècle ainsi que le début du 19°.

L’étude des contrats de mariage et des inventaires des maisons du XVII° siècle témoigne de l’extrême pauvreté des Béarnais de cette époque, pauvreté probablement liée aux événements politiques et religieux ainsi qu’aux épidémies.

Vers 1730, c’est-à-dire à l’époque où apparaissent les premiers grands meubles béarnais, on est surpris par une explosion démographique et économique.

Cette explosion est-elle due à l’introduction du maïs en Béarn, à l’apparition des cultures fourragères, à l’essor de l’exploitation forestière ou au développement des ateliers de tissage ?

Ce qui est certain, c’est que tout bouge et tout progresse : la culture, l’élevage et l’artisanat.

Cette évolution est favorisée par l’intendant Mégret d’Etigny qui, dès 1750, aide à l’industrialisation et au commerce tant intérieur qu’extérieur en créant un réseau de routes modernes. L’explosion démographique est telle que les jeunes sont obligés de quitter le Béarn; les fils de bourgeois vont aux Antilles, ceux des paysans en Aragon et dans les colonies espagnoles et les jeunes nobles grossissent les rangs des « cadets de Gascogne » qui tentent leur chance à Paris dans la carrière des armes.

Cette double explosion est probablement la raison du développement du meuble en Béarn, mais aussi de son évolution. L’artisan a du bois et des commandes et les cadets de Gascogne rapportent de Paris des meubles parisiens qui orneront leurs « châteaux » et leurs salons : « des meubles de Boulle, de bois précieux, des sièges d’une exquise élégance, des vases de Sèvre », des salons Régence, des bureaux Louis XV en marqueterie. Ces meubles permettent à nos ébénistes d’évoluer dans leurs modèles et leurs techniques.

Cependant, le meuble Béarnais ne se développera pas de manière uniforme à travers le Béarn, mais de manière continue.

Plusieurs « coins » du Béarn développeront leur propre style. Chaque ville sera marquée par différents évènements de tout ordre qui permettront aussi bien le développement particulier de leur mobilier que leur déclin.

Chaque centre s’est donc développé à des dates différentes pour des raisons différentes. Leur rayon d’action était de l’ordre de 20km parfois plus. Il est toutefois curieux de constater que certains meubles portent les mêmes « empreintes » bien qu’étant de centres de fabrication différents. Cela laisse à penser qu’il y avait des échanges réguliers, voire permanents.

Morlaàs est pauvre, à cette époque, et son habitat en témoigne. Elle vit d’un marché à bestiaux qui attire du monde le mardi, de la culture du lin et de son tissage. Elle fait de la jolie toile et des mouchoirs, mais elle est très isolée: de mauvais chemins conduisent à Nay, à Lembeye, à Thèze et à Pau par les terres marécageuses du Pont-long. Ses relations économiques avec le reste du Béarn sont difficiles et son commerce se fait principalement avec sa province voisine, la Bigorre.

Vers 1730, elle essaie de profiter du redressement économique et se lance dans un artisanat qui fera sa réputation: le meuble.

Le lin est la principale ressource de Morlaàs. Les ébénistes en feront un de leurs motifs décoratifs principaux (tige, fleurs, oiseaux qui le picorent).

Les ateliers de Morlaàs ne produiront pratiquement que des grands meubles.

Les bonnetières (cabinet 2 portes) ou les cabinets 4 portes sont les premiers meubles qui auraient été fabriqués. Ils seront suivis quelques années plus tard par des armoires que l’on retrouvera en quantité importante sur Morlaàs et ses environs.

Si on voulait caractériser la production type de Morlaàs, on parlerait de grands meubles, très bien proportionnés et fabriqués en noyer. Les panneaux sont faits la plupart du temps d’une seule planche et non pas de plusieurs planches assemblées entre elles. Les panneaux des façades des meubles sont presque toujours asymétriques verticalement. Les panneaux latéraux sont de taille identique, souvent au nombre de 4 ou5. La fleur de lin toujours présente sur les tiroirs, les traverses ou les montants.

Ce mobilier, on le voit, ne varie guère. Morlaàs s’en tient aux valeurs sûres : celles qui plaisent et que l’on vend bien dans les petits châteaux et les gentilhommières. Pourtant, vers 1780, le meuble de Morlaàs va évoluer vers une certaine simplification (qui n’exclut pas une relative continuité dans la fabrication des modèles précédents).

La sobriété du meuble est telle qu’on peut se demander si la haute fantaisie de Morlaàs a fini de plaire, à moins que ce ne soit plutôt les évènements économiques qui aient obligé les ateliers à réduire les coûts de fabrication.

Il est certain que la fin du « style Morlaàs » coïncide avec une période très noire pour la ville qui le fît naître.

Cette région encore très isolée du reste du Béarn et presque uniquement rurale voit s’abattre sur elle en 1774 à la fois la grêle et une épizootie qui décime son cheptel, la privant à la fois de ressources alimentaires, de ses bœufs pour cultiver la terre, de son mode de transport.

Dans un marché très difficile, le meuble de Morlaàs essaiera d’évoluer vers le style Louis XIV mais, ce faisant, perdra son caractère spécifique.

Il essaiera ensuite, dans sa forme de cabinet, d’adopter le style Louis XV en chantournant sa traverse basse.

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