De Fenestrelle à Exilles, de Vintimille à Aussois: suggestions et propositions grâce à un projet de mise en valeur de la Regione Piemonte.
Jeux d’ombres et de lumières, croisements de routes et de sentiers, crêtes rocheuses qui éraflent le ciel avant de s’envoler vers le bas avec des falaises abruptes ou des pentes souples. Une charnière linguistique et culturelle, mais aussi un amalgame souvent inattendu entre l’homme et la nature qui conserve des histoires et des légendes millénaires. C’est là, au coeur des Alpes Occidentales, que se dressent certaines des fortifications militaires les plus plus imposantes d’Europe, effigies de temps obscurs faits de guerres et de frontières, mais aussi témoignage vivant de l’habilité architectonique du passé.
De la Ligurie au Piémont, de l’Italie à la France, de nombreux forts surveillent encore aujourd’hui le passage de touristes et de visiteurs en se dressant comme des bastions de l’histoire et des sentinelles du temps jadis. Monuments à visiter ou à effleurer du regard, plongés dans des cadres aux caractéristiques gastronomiques, artistiques et naturalistes incontournables. C’est dans cet esprit, qu’est né le projet “Sauvegarder”, promu par la Regione Piemonte, inséré à l’intérieur du Plan Intégré Thématique (PITEM) Pa.C.E. et intégré dans l’Axe III “Attractivité du territoire” du programme transfrontalier ALCOTRA Italie-France pour la programmation 2014-2020.
La volonté de réactiver le patrimoine socioculturel d’un territoire à partir de la mise en valeur de certaines fortifications, donc, mais aussi l’invitation à fréquenter des coins de montagne qui donnent sur la mer ou qui se reflètent dans le ciel. Quatre sites fortifiés rentrent dans le projet, prêts à vous surprendre au printemps et en été avec leur programme d’événements, de visites guidées et d’excursions dans la nature. Pour ceux qui sont trop impatients pour attendre, voici quelques conseils pour apprécier pleinement le charme des forts même durant les mois d’hiver, pour une expérience amusante et immersive à vivre avec les amis ou la famille.
Le Fort de Fenestrelle
La structure fut conçue à l’automne 1727 par l’ingénieur Ignazio Bertola et ses travaux de construction commencèrent au printemps 1728, son dernier chantier ne fut démobilisé qu’en 1850. Construite le long de la ligne crête de la montagne sur plus de 3 kilomètres, elle occupe une superficie globale de 1.350.000 mètres carrés et un dénivelé entre le premier et le dernier corps de bâtiment de presque 600 mètres. Ces dimensions imposantes en font encore aujourd’hui la plus grande forteresse alpine d’Europe. Elle est ouverte et on peut la visiter durant toute la période d’hiver grâce à l’engagement de l’Association Progetto San Carlo qui propose deux typologies de visite différentes ( une plus brève de la durée d’une heure avec une attention spécifique au Fort San Carlo et une plus approfondie de la durée de trois heures qui comprend aussi la “Scala Coperta” (l’escalier couvert), la “polveriera” (la poudrière) , le Fort Tre Denti et la ”Garitta del Diavolo” (Guérite du Diable). Le Fort abritera vendredi 30 décembre, de 9h00 à 13h30, la manifestation « La spesa in campagna » ( les courses à la campagne) organisée par la CIA Agricoltori delle Alpi-Fenestrelle village. Pour ceux qui voudrait associer histoire et sports d’hiver, on conseille fortement une étape à Pragelato, commune toute proche autrefois siège olympique pour le ski nordique ou une randonnée en raquettes à travers les bourgades de Usseaux (inséré parmi les Borghi più Belli d’Italia ( bourgs les plus beaux d’Italie).
Le Fort d’Exilles
Comptant parmi les monuments les plus antiques du Val de Suse et considéré parmi les systèmes de défense les plus importants du Piémont, le Fort d’Exilles plonge ses racines dans une antiquité partiellement inconnue, avec les premiers documents qui en attestent l’existence remontant au VII ème siècle environ. Rasée au sol par les français en 1796 et reconstruite ensuite sur volonté de Vittorio Emanuele I entre 1818 et 1829, la structure a été désarmée en 1915 en perdant par conséquent toute fonction militaire à partir de 1945. Temporairement non visitable, le Fort d’Exilles domine tout de même le village du même nom qui, au cours des mois d’hiver, ressemble à une petite crèche de haute altitude. On trouve parmi les monuments remarquables, la très belle église paroissiale des Saints Pierre et Paul remontant au XIII ème siècle, le caractéristique MuséeMuseo della Grappa “Gianfranco Joannas” et les différentes bourgades qui agrémentent les versants environnant. Les amateurs de randonnée, en revanche, devront absolument visiter le Gran Bosco di Salbertrand: insérée parmi les réserves naturelles du Parco Alpi Cozie, l’aire protégée se caractérise pour ses forêts de sapins prisées et ses vastes étendues de mélèzes et pin cembro qui, surtout en hiver, se remplissent de nuances inattendues et moirées.
Le Fort de l’Annunziata
Réalisé selon la volonté du gouvernement des Savoie entre 1831 et 1837, dans le but de renforcer les frontières occidentales du Royaume, le Fort de l’Annunziata constituait la redoute du Fort San Paolo, situé au-dessus, voulu par les Génois suite à la conquête de Vintimille en 1222. Déclassée comme caserne militaire après la cession de Nice à la France et la cessation du rôle de Vintimille comme place-forte qui en découle, au cours du XX ème siécle, la redoute de l’Annunziata subit différents travaux de restauration qui culminèrent en 1931 avec la réalisation d’un étage surélevé pour acceuillir tout d’abord un contingent de bersagliers, et ensuite le Musée archéologique de la ville , “Museo Civico Archeologico “Girolamo Rossi” à partir de 1989. Une visite à l’espace muséal, donc, ouvert aussi durant les fêtes de Noël ou une promenade facile vers Porta Canarda, la seule porte romaine encore intégrale parmi les huit qui, jadis, entourait le centre habité et que l’on peut atteindre en quelques minutes par un extraordinaire sentier en balcon donnant sur Capo Mortola et sur la Côte d’Azur. La meilleure façon pour savourer pleinement le charme de la mer en hiver, dont l’agitation imprévisible se perçoit bien à partir de la terrasse du Fort.
Les Fort de l’Esseillon.
Connus parfois avec l’épithète de “barrière” de l’Esseillon, les forts sont constitués de cinq structures différentes réalisées entre 1817 et 1834 par le gouvernement du Royaume de Sadaigne de ce temps et s’étendent aujourd’hui entre les communes françaises de Aussois et Avrieux. Chacune des structures portent les prénoms de la famille royale des Savoie (Vittorio Emanuele, Maria Teresa, Maria Cristina, Carlo Alberto et Carlo Felice) et ont été réalisées sur le modèle de Montalembert. La Redoute Maria Teresa, placée sur la rive gauche du fleuve Arc déjà dans les frontières administratives de la Commune de Avrieux, est aujourd’hui un espace d’exposition constitué d’un parcours ludique et pédagogique conçu pour accompagner adultes et enfants à la découverte de l’histoire architectonique de la barrière de l’Esseillon, et en général de toute la Savoie. On peut le visiter tous les mardis du 3 janvier au 11 avril. On conseille fortement à ceux qui se trouvent à Aussois durant les prochaines semaines la visite nocturne de Noël du 24 décembre, la descente en ski “aux flambeaux” du 31 décembre et la sixième étape de “La Grande Odyssée”, la célèbre course internationale de chiens de traineaux qui passera justement dans la zone le 13 janvier prochain.
De plus amples informations sur les forteresses piémontaises sont diponibles à ce lien.
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