Les jours propices pour faire le point sur ce qu’a été 2024, il est courant de trouver des nouvelles à ce sujet, tant du côté des entreprises que des destinations. La synthèse est très simple à faire, la croissance des indicateurs quantitatifs habituels conduisant à de nouveaux records (ou chiffres historiques). Là où cela ne s'est pas produit, il convient d'y réfléchir, à moins que ce ne soit le résultat d'une stratégie délibérée (certaines destinations ont réussi à se stabiliser, réduisant légèrement le nombre de visiteurs, mais augmentant les dépenses touristiques). Après les années tortueuses de la pandémie, l’optimisme est répandu, sans beaucoup de nuances, malgré les instabilités géopolitiques, internes et surtout externes, qui, dans une industrie mondiale comme le tourisme, finissent par avoir des conséquences.
Le risque dans certains cas particulièrement touchés par le « surtourisme » est celui de subir une implosion, synonyme d'effondrement, d'effondrement, de casse, d'éclatement vers l'intérieur ou d'un coup. Personne ne le veut, mais certaines destinations ont lancé des signaux clairs en 2024 (et le font depuis longtemps) selon lesquels quelque chose peut arriver si ces signaux sont ignorés et si rien de substantiel ne change. Dans d'autres articles, le soussigné a défendu que ce changement substantiel doit commencer par la gouvernance du tourisme : la gouvernance est la clé qui donne naissance à tout le reste.
Et cela dans un contexte où nous sommes de plus en plus dépendants du tourisme, qui voit son impact sur le PIB et l'emploi croître, à la fois en raison de ses bonnes performances (que l'on ne peut que féliciter) et en raison de la morosité des autres activités économiques (ce qui devrait mettre nous sur nos gardes). Être si dépendant du tourisme est un risque évident, qui met de plus en plus en évidence la nécessité de diversifier notre économie pour la rendre plus saine. La pandémie, avec l’arrêt brutal des voyages, nous a mis face à ce problème, l’Espagne étant le deuxième pays de l’UE où le PIB a le plus chuté : il ne faudrait pas l’oublier.
Le nouveau luxe sera celui où l'on pourra échapper à la massification (qui est déjà de l'ultra-massification dans de nombreuses destinations ; même si la consommation n'évolue pas toujours en parallèle). Et il faut considérer que la tendance est à l'aggravation : nous vivons actuellement dans un carpe diem (malentendu) dérivé de la pandémie (quelque chose de similaire à ce qui s'est passé dans les années folles du siècle dernier, qui se sont terminées au de la pire des manières), ainsi que sous l'effet du dopage de la manne des fonds européens (on verra quand ce sera fini et quand on saura comment elle a été utilisée et ses résultats) ; et structurellement nous nous dirigeons non plus vers une société de loisirs (concept très mûr), mais de farniente (résultat de la révolution technologique), dans laquelle le voyage sera l'une des aspirations largement répandues. Ceci, associé à un appétit pour les voyages qui s'étend à des géants comme l'Inde et d'autres économies émergentes, dont les classes moyennes croissantes veulent également parcourir le monde, et dans lequel l'attachement de l'Espagne est indéniable : comme je l'ai lu à un estimé collègue, de l'eau nous bénit peut aussi se noyer.
En résumé, l’évolution rapide de l’industrie touristique ne s’est pas accompagnée d’un changement parallèle dans la gouvernance du tourisme, qui est son sous-système réglementaire. On continue, de manière générale, avec les mécanismes et inerties hérités du siècle dernier. On en voit les résultats dans les déséquilibres du système, dans son manque d'harmonie (avec le milieu naturel, les communautés locales, etc.). Et comme la machine de croissance, sauf nouvelle catastrophe, ne va pas s’arrêter, soit la gouvernance, au sens large, est « améliorée », soit le système susmentionné risque d’imploser. Je ferai référence à ce rôle régulateur clé dans l’article suivant, partant du principe que ni l’optimisme ni le pessimisme n’existent, seul le réalisme est le résultat d’une analyse rationnelle (quoique toujours limitée) de la réalité.
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