Le maestro historique-aventureux, qui a co-fondé le prix féminin de la fiction et dont les romans sont publiés en 38 langues, de retour à Carcassonne

Sur un banc dans le coin de notre jardin du Sussex, où je m’assois pour écrire cette pièce dans ma tête, je suis entouré de fleurs de cerisier et de nuages ​​de pommetiers blancs, les premières feuilles des coings et des bouleaux. Les nids des tours dans le sycomore sont presque cachés maintenant. Le rhododendron a explosé de rose. Dans les bordures, jacinthes et myosotis, les dernières jonquilles fougueuses et les fleurs rouges blousantes du camélia. Marguerites. C’est un jardin très anglais au printemps. J’ai vécu la majeure partie de ma vie dans ce coin de terre – Fishbourne, Chichester – une enfant, une sœur, une élève, une amie d’école et guide, une petite amie. Plus tard, en tant qu’épouse et mère, aide-soignante. Voici la maison. C’est ici que j’appartiens. Et pourtant…

Mon cœur d’écrivain appartient au Languedoc et, en ce beau et étrange avril 2020, j’aspire aux paysages, aux odeurs et à l’air du sud-ouest de la France. A cette époque de l’année à Carcassonne, la rivière Aude est haute et animée, alimentée par l’eau de fonte qui descend des montagnes. A cette époque de l’année, lorsqu’on se dresse sur le Pont Vieux qui relie la Bastide du XIVe siècle à la Cité médiévale, bâtie à l’emplacement d’un fort romain du IVe siècle, on aperçoit la magnifique muraille grise des Pyrénées, encore coiffé de blanc à ses plus hauts sommets. A cette époque de l’année, le garrigue vibre de couleurs – orchidées, gentiane printanière, saxifrage, ajoncs jaunes et le dessous argenté des feuilles des oliviers. Une beauté différente, plus sauvage et plus grande. Bleu infini du ciel printanier, rang sur rang de vignes, de lavande pourpre, de tournesols. De longues routes ombragées montent dans les montagnes en passant de l’Aude à l’Ariège sous les arbres en marche de Napoléon. L’ombre verte des bois anciens de Puivert et de Rennes-les-Bains.

A cette époque de l’année, je serais à Carcassonne, ne serait-ce que pour un jour ou deux. Le paysage est le début de tout ce que j’écris. Important et essentiel. Le temps et le lieu embrassent les cousins ​​de l’intrigue et du personnage. La conviction qu’une histoire particulière ne peut se passer que dans un lieu particulier. Que la vérité de l’histoire, de nos expériences vécues et de ceux qui ont parcouru les mêmes chemins avant nous, est contenue dans la terre – les pierres et les berges, le virage d’une marche de pierre menant à une place calme dans un village , le son lugubre de la cloche marquant l’heure du quart dans la chaleur du jour. Les champs verts et les marrons. Parce que le hasard et la chance m’ont emmené à Carcassonne il y a 30 ans, je suis devenu écrivain. Ainsi un retour chaque année en Languedoc au printemps est à la fois un pèlerinage et un plaisir. Un retour là où tout a commencé, la même petite maison, les mêmes rues, même si la ville elle-même se transforme. Tout coup d’œil aperçu depuis la fenêtre du train pourrait être le début d’une histoire : un étrange obélisque posé sur une colline, un cloche-mur, une colonnade en bois, initiales gravées sur le tronc d’un arbre. C’est le vrai sens de l’écriture.

Si je descendais maintenant du train toulousain, je m’arrêterais un moment sur la place Carnot – diversement appelée Place Royale, Place Vieille, Place Impériale, Place de la Révolution, sans oublier Place aux Herbes, le plus ancien des noms – son titre a changé pour refléter l’évolution des temps, mais il reste le cœur battant de la Bastide, la ville moderne. Si j’arrivais aujourd’hui, je m’arrêterais un moment pour un verre de rosé chez Félix avant de faire la promenade familière jusqu’à notre petite maison à l’ombre des murs de pierre de La Cité. La façade de Chez Félix a été relookée l’hiver dernier, mais les mêmes chaises en bambou et housses de coussin orange remplissent le trottoir à l’extérieur. Tout autour du carré, des auvents rayés jaunes et rouges et blancs. Bâtiments de six étages sur les quatre côtés, certains nouvellement peints en bleus et roses. Si c’était jour de marché, les branches des platanes étalés abriteraient les parasols et les parasols aux couleurs vives des étals des fermiers. Paniers en saule contenant des herbes du jardin, fleurs coupées et paniers d’orchidées et de delphiniums, géraniums. L’étal suivant, des biscuits acidulés au poivre noir à servir avec un verre de liqueur locale, guignolet. En juin, il y aura des abricots. En juillet, les figues. Plus tard dans l’automne cuivré et bordeaux, mûres et tournesols coupés. Même après 30 ans, il y a toujours un sentiment de retour à la maison et de rajeunissement d’être de retour dans un endroit bien-aimé, un chez-soi loin de chez soi. De nouvelles histoires à entendre, de nouveaux chuchotements dans le paysage, de nouvelles histoires à écrire. A bientôt, Carcassonne.

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