Les familles des victimes du crash d’Ethiopian Airlines en mars 2019 sont unies pour arrêter la recertification du Boeing Max 737. Le Parlement américain s’implique désormais

Une audition est prévue demain (lundi 25 janvier 2021, à 9h30 CET) par la commission des transports du Parlement européen qui a convoqué le directeur exécutif de son agence de l’aviation civile, l’AESA, pour répondre aux questions concernant la non-mise à la terre anticipée du un Boeing 737 MAX dangereux après avoir été immobilisé près de deux ans à la suite de deux accidents qui ont fait 346 morts.

Les familles des victimes de l’accident de l’avion Boeing en Éthiopie le 10 mars 2019 ont été unies en ayant perdu des êtres chers dans le deuxième des accidents mortels. Virginie Fricaudet, qui a perdu son frère Xavier de 38 ans, et présidente de l’organisation européenne des victimes «Vol ET 302 Solidarité et justice» basée en France, recherchait des réponses auprès de l’Agence de la sécurité aérienne de l’Union européenne (AESA), l’agence en charge de la sécurité de l’aviation civile, sur de nombreuses problématiques liées à l’aéronef qui restent encore sans réponse, même à la lumière d’un éventuel décollement.

L’EASA a immobilisé le MAX deux jours après le crash de Boeing en Éthiopie, le deuxième crash de cet avion en moins de quatre mois qui a tué 346 personnes dont 50 citoyens européens.

Le Parlement européen, composé d’environ 700 représentants élus parmi les citoyens de 27 pays européens, contrôle et supervise les organisations européennes telles que l’AESA. Patrick Ky, directeur exécutif de l’AESA, a été convoqué à la réunion de lundi pour faire rapport d’urgence sur la procédure de recertification du Boeing 737 MAX après avoir annoncé la semaine dernière que l’avion serait probablement recertifié cette semaine.

Dans une lettre au Parlement européen datée du 22 janvier, Virginie Fricaudet, a posé des dizaines de questions au nom de l’organisation de victimes qui doivent être traitées – allant de la transparence de l’AESA à son indépendance dans la prise d’une décision anticipée de déterrer le MAX et, en particulier, si des garanties de sécurité du Boeing 737 MAX sont suffisantes pour la sécurité aérienne future.

L’espoir est que ces questions seront reliées à travers le Commission des transports du Parlement européen et réponse de Ky.

Pour rappel, les États-Unis ont mis à la terre le MAX en novembre 2020 et le Canada a détaché l’avion il y a environ une semaine au milieu des graves préoccupations des familles des victimes quant aux décisions de le faire sans garanties de sécurité suffisantes pour que l’avion ne s’écrase plus.

Dans un communiqué de presse publié le 22 janvier par Solidarity and Justice, il a déclaré: «À notre avis, la recertification du Boeing 737 Max par l’AESA est prématurée, inappropriée et même dangereuse, comme nous l’avons démontré dans une note technique rédigée avec le soutien des ingénieurs aéronautiques. » Le communiqué de presse poursuit en disant: « En tant que citoyens européens, il nous semble important que le comité des transports soit le garant de la décision de recertification que l’AESA pourrait annoncer dans les prochains jours, en veillant à ce que la sécurité prenne le pas sur toute autre considération. Ce qui est en jeu, c’est la sécurité de millions de passagers, et les citoyens européens s’attendent à ce que la décision à venir reflète pleinement la transparence, performance et indépendance cette doit caractériser le travail d’une agence européenne spécialisée. » [bold in original document]

La lettre au Parlement européen traite également de l’accord que Boeing a conclu avec le ministère américain de la Justice (DOJ) le 8 janvier qui a mis fin à l’affaire pénale contre le constructeur de la compagnie aérienne. Fricaudet cite l’accord de règlement du DOJ qui déclare que «les employés de Boeing ont choisi la voie du profit sur la franchise en cachant des informations importantes à la FAA concernant l’exploitation de ses 737 appareils et en s’engageant dans un effort pour dissimuler leur tromperie.» L’accord, cependant, n’imposait qu’une amende de 243,6 millions de dollars et n’a pas intenté de poursuites pénales contre les employés ou les cadres de Boeing, ce qui a conduit certains à l’appeler «Boeing Protection Agreement» au lieu d’un accord de poursuite différée.

«Ces familles essaient désespérément d’empêcher les régulateurs de l’aviation comme l’AESA d’approuver à nouveau un Boeing 737MAX défectueux avec des points de défaillance uniques pouvant causer un accident catastrophique et plus de morts», a déclaré Robert A. Clifford, fondateur de Clifford Law Offices à Chicago et avocat principal du litige contre Boeing devant le tribunal de district fédéral de Chicago. «Ils n’ont trouvé aucun réconfort dans l’action du DOJ, et au lieu de cela, d’autres questions ont été soulevées par le règlement à partir duquel eux et le public volant ont été tenus dans le noir. Les familles des victimes de l’accident croient qu’elles font l’objet d’un crime et que les protections des victimes d’actes criminels accordées en vertu du droit américain et international ont été violées par le DOJ et Boeing.

Clifford représente 72 familles dans l’accident du vol éthiopien qui a tué les 157 personnes à bord, y compris la famille Fricaudet.

L’audition de la commission des transports sera retransmise en direct depuis Bruxelles et peut être consultée sur www.europarl.europa.eu/committees/fr/tran/meetings/webstreaming le lundi 25 janvier 2021 à 9h30 CET.

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