Entretien/« La politique touristique de l’Union européenne devrait être dirigée par l’Espagne, notamment en ce qui concerne le bassin méditerranéen. C'est ce qu'a souligné Joan Molas, président de l'Office du Tourisme, même s'il a également reconnu que cela exigeait « une plus grande présence politique, mais aussi une présence économique, à Bruxelles »; et surtout d'« un leadership et force afin d'établir une politique touristique conceptuelle et généralisée, issue d'une message unitaire débattu en interne par tous les protagonistes du secteur.

Pensez-vous que nous faisons des progrès dans ce sens ? Car on a toujours dit que le secteur du tourisme n’avait pas assez de force parce qu’il lui manquait une voix unique pour défendre ses intérêts.

En ce sens, je suis entièrement d'accord avec Juan Cierco, président du Conseil du tourisme du CEOE, qui, dans des déclarations récentes, a souligné que si nous ne sommes pas d'accord sur quelque chose, nous devons en discuter en interne, mais que dans la rue, nous devons tous nous unir. Je pense que nous devons évidemment respecter au maximum l'opinion de chacun des représentants sectoriels des entreprises, mais il est vrai qu'il serait opportun que, sans discréditer qui que ce soit, il y ait la possibilité d'établir une position sectorielle commune avec le une force suffisante pour le défendre devant les organismes publics ; une seule voix qui représentait le secteur, toujours en accord avec lui.

« L'Espagne devrait être celle qui, d'une manière ou d'une autre, porte le drapeau du tourisme dans l'Union européenne, du moins dans le sud de l'Europe », selon Joan Molas. Source : Office du tourisme.

Cette voix unique faciliterait-elle la présence du tourisme espagnol à Bruxelles ?

Bien entendu, il sera de plus en plus important et nécessaire d'être présent à Bruxelles avec une capacité d'influence, de négocier avec les hommes politiques d'autres pays et de savoir où vont les politiques européennes, comme c'est déjà le cas pour les questions agricoles ou la pêche, mais en relation avec le tourisme, qui constitue également pour l'Union européenne l'un des secteurs économiques et sociaux les plus importants. C’est décisif et je pense que c’est une question en suspens pour le gouvernement espagnol, mais aussi pour le secteur privé, qui défend nos intérêts. Pour ce faire, il faut s'engager de manière très décisive, trouver les ressources financières appropriées pour pouvoir soutenir un bureau et une organisation technique suffisante, et pour cela le secteur doit avoir la réponse appropriée. L'Espagne devrait intervenir de manière décisive dans la politique européenne du tourisme, afin que les députés européens qui sortiront des élections du 9 juin connaissent le secteur et le défendent, ce pour quoi ils doivent demander au secteur privé quels sont les problèmes les plus brûlants. Parce que le secteur public a beaucoup à dire, mais le secteur privé aussi. Ils doivent être partenaires et cela signifie que nous devons d'abord nous mettre d'accord pour pouvoir aller en Europe avec une conception claire du leadership. Et ici, d’un côté, il y a les organisations patronales qui défendent les intérêts des différents sous-secteurs touristiques, ou des entreprises qui les constituent. Mais il en existe d'autres qui sont plus représentatifs car ils accueillent tous ces sous-secteurs, comme le Conseil du Tourisme de la CEOE ou l'Office du Tourisme. Chacun doit avoir son rôle.

« Le secteur du tourisme doit être à Bruxelles avec des gens qui savent bouger, écouter et avoir de l'influence pour pouvoir s'informer sur la législation qui nous concerne avant qu'elle ne commence à être traitée au Parlement européen pour pouvoir travailler avec les députés qui défendent nos intérêts. Nous n'avons pas besoin de nous lancer dans la politique, mais nous devons être capables d'influencer les politiciens sur la direction que devrait prendre, selon nous, une future stratégie touristique », selon les mots de Molas.

Pensez-vous qu’il est possible que toutes ces voix puissent être unies en une seule ?

Je crois que cela est plus que réalisable et nécessaire. A partir de là, chacun peut tirer ses propres conclusions. Il faut laisser de côté les vanités personnelles et les egos incompris, et penser au pluriel et non en particulier ; en additionnant et non en soustrayant, et en multipliant et non en divisant. Cela dépend de la bonne volonté et de l'intelligence de chacun. Que nous débattions en interne pour aboutir à un concept et un message unifiés, quelque chose de plus en plus essentiel : une unité d'action pour orienter la planification touristique à moyen et long terme. Ça devrait être comme cela.

Parmi les rencontres prévues avec des représentants politiques, vous avez déjà rencontré Rosario Sánchez, comme l'a publié AUBERGE actualité touristique dans Les six demandes de l'Office du tourisme au nouveau secrétaire d'État. Quels sentiments retenez-vous de cette première rencontre ? Avez-vous trouvé une bonne disposition de leur part ?

Je ne l'avais saluée que deux fois auparavant. Je ne connais pas sa capacité à remplir la fonction qui lui a été confiée, mais la vérité est que nous trouvons le dialogue et la collaboration. À partir de là, il aura une force plus ou moins grande, selon également le moment. Je lui ai également dit qu'étant un ministère à trois portefeuilles, le secrétaire d'État est pour nous presque comme un vice-ministre, notre courroie de transmission entre le secteur privé et le gouvernement, lui demandant d'en tenir compte et de prendre cet engagement. Car en plus, le tourisme étant si transversal, il nécessite une grande collaboration entre les différents ministères et avec les communautés autonomes. La réunion s'est très bien déroulée et nous nous sommes tenus à sa disposition pour tous les sujets qu'elle jugeait opportuns, si nécessaire pour travailler ensemble. Et on retrouve cette bonne disposition de leur part. Maintenant, nous devons nous mettre au travail.

Plus d'informations:

– Molas : « Il est temps de consolider un modèle touristique compétitif »

– L'Office du tourisme partage l'inquiétude de l'IATA concernant la taxe aérienne allemande

– Molas juge démagogique et absurde l'interdiction des vols court-courriers

– L'Office du Tourisme demande au gouvernement d'opposer son veto à l'augmentation des tarifs Aena

★★★★★