Le ministère de la Consommation a infligé des amendes à plusieurs compagnies aériennes pour avoir facturé des services qui devraient être gratuits.

L'amende infligée par le ministère espagnol de la Consommation à plusieurs compagnies aériennes a remis une fois de plus les revenus dits secondaires au centre du débat. Le cas le plus notable est celui de Ryanair, qui doit payer 108 millions d'euros, sur les 179 millions avec lesquels le ministère a sanctionné 5 entreprises. Les raisons incluent la facturation de services que le régulateur considère comme basiques, comme le transport de bagages à main en cabine, la réservation de sièges adjacents pour les parents avec des enfants mineurs ou pour accompagner les personnes à charge, ou l'impression des cartes d'embarquement à l'aéroport. Les entreprises concernées ont déjà annoncé qu'elles feraient appel de la sanction.

Ces dernières années, les compagnies aériennes ont trouvé une source importante de financement dans les revenus secondaires. Ces revenus proviennent de prestations qui ne sont pas incluses dans le prix du billet. Ceux-ci incluent :

Enregistrement des bagages. Vente de nourriture et de boissons à bord. Réservation de place à l'avance. Contrat d'assurance. Accords avec d'autres sociétés pour des programmes de fidélité. Réservations d'hôtel ou de location de voiture liées au billet d'avion. Choix des sièges.

Grâce à ces revenus, les entreprises peuvent conserver des billets bon marché.

Les compagnies aériennes sont capables de maintenir des prix de billets apparemment bas parce que les revenus secondaires augmentent plus rapidement que ceux des opérations de transport. Cette année, environ 350 milliards de dollars seront générés à l'échelle mondiale, rien que grâce à l'enregistrement des bagages, soit la moitié des revenus totaux.

Tous ces services ne sont pas facultatifs et ne sont pas tous clairement présentés au consommateur. Les accusations peuvent être obligatoires, surprises, abusives ou frauduleuses. Les régulateurs critiquent l’inclusion de coûts supplémentaires de manière non transparente lors du processus d’achat, ce qui peut augmenter le prix final du billet jusqu’à doubler ce qui avait été initialement annoncé.

Le Sénat américain et le Parlement européen étudient ces possibles transgressions.

Aux États-Unis, une sous-commission sénatoriale a dénoncé ces pratiques, pointant du doigt les compagnies aériennes comme Delta pour le manque de transparence des prix publiés. Selon le législateur, cette opacité rend difficile la comparaison des offres et réduit la concurrence. Le principal groupe de pression du secteur aérien aux Etats-Unis, Airlines for America, a rejeté les critiques du Sénat. Selon ce lobby, les revenus secondaires permettent aux compagnies aériennes de proposer des billets moins chers et donnent aux passagers la possibilité de personnaliser leur expérience de voyage.

Le Parlement européen a commencé à étudier la possibilité de réglementer les tarifs dits indésirables, non seulement dans le secteur de l'aviation, mais aussi dans d'autres secteurs où ce type de frais est appliqué. Le consommateur peut les percevoir comme trompeurs.

Le droit des consommateurs à l'information doit être mis en balance avec le besoin de flexibilité des compagnies aériennes.

Le défi pour les régulateurs est de trouver un équilibre entre la protection des droits des consommateurs et la nécessité pour les compagnies aériennes d’opérer de manière flexible. Certaines des solutions possibles discutées comprennent :

Transparence obligatoire des prix : exiger des compagnies aériennes qu'elles affichent le prix total du billet dès le début du processus d'achat, y compris tous les coûts obligatoires. Réglementation des frais indésirables : Définissez quels frais supplémentaires peuvent être considérés comme facultatifs et lesquels doivent être inclus dans le prix de base. Établissez des règles pour éviter que les prix varient de manière excessive ou imprévisible au cours du processus d’achat. Aux États-Unis, l’administration Biden a promu des mesures visant à accroître la transparence des prix des services, notamment du transport aérien. En Europe, le débat se poursuit au sein du Parlement et des instances nationales de défense des consommateurs.

Une réglementation plus stricte entraînerait une hausse des prix des billets, mais une plus grande transparence améliorerait la concurrence.

L’issue de ce débat aura des implications significatives tant pour les compagnies aériennes que pour les passagers. D'une part, une réglementation plus stricte pourrait limiter la capacité des compagnies aériennes à générer des revenus secondaires, ce qui pourrait se traduire par une hausse du prix des billets. En revanche, garantir une plus grande transparence bénéficierait aux consommateurs, qui disposeraient de davantage d’informations pour prendre leurs décisions.

Les entreprises devront tenter de s’adapter aux nouvelles réglementations sans perdre en compétitivité. Cela pourrait impliquer de repenser leurs modèles économiques pour capter de nouveaux revenus.

Dans ce scénario, la transparence et la clarté de la communication sur les prix seront essentielles pour restaurer la confiance des passagers. Dans le même temps, il sera crucial que les nouvelles réglementations ne compromettent pas la viabilité économique des compagnies aériennes. Pendant ce temps, le débat se poursuit et les compagnies aériennes continueront d’être sous le contrôle des régulateurs.

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