La version officielle définit Fitur comme le méga salon du secteur, le point de rencontre de référence et le plus grand centre névralgique de l'industrie touristique ibérique.
Mais Fitur a bien plus de substance. Fitur est un vortex d'énergie hédonique, une diffusion de stimuli auxquels aucun cerveau humain ne peut résister, un labyrinthe de miroirs conçus pour regarder et être regardé vers lequel chacun vient pour que personne ne puisse dire qu'il n'était pas là.
Brochures qui promettent des plages plus bleues que le ciel, paysages retouchés qui font tomber amoureux et enthousiasme scénique incontrôlable font partie d'un écosystème dans lequel, au-delà des négociations âpres et des accords à plusieurs millions de dollars, les échanges de cartes et les frimeurs prédominent.
La grande question est donc la suivante : est-il logique de continuer à faire quelque chose comme Fitur ? Ne serait-il pas plus efficace que les opérateurs se rencontrent directement sur LinkedIn et que les destinations soient promues avec moins de bruit et plus de concentration ?
Peut-être, mais qu'en est-il du spectacle ? Et ces montagnes russes délirantes qui vont des néons aux jambes épuisées après des kilomètres de tapis institutionnel ? Et ce sentiment de ne pas savoir si la prochaine chose qui va croiser votre chemin est un cadre élégant avec une mallette et un double nœud Windsor ou un homme habillé en perroquet avec un flotteur ?
Il n'existe aucune mesure humaine pour définir ce que l'on ressent en courant dans ces couloirs, l'adrénaline qui génère l'incertitude de l'inattendu. Mais la vérité est qu'entrer dans ce pays des merveilles, entouré de flashs aveuglants, d'annonces par haut-parleurs et de cortèges cotonneux, finit par donner à chacun le sentiment indescriptible d'avoir enfin trouvé le chemin de Fantasia.
Le pèlerinage à Fitur trouve son point culminant dans les stands, ces temples aux multiples facettes et éphémères où, selon l'angle adopté, on passe du délice des discours recyclés aux dégustations aux odeurs de barbecue et, des défilés et danses traditionnelles, aux expositions technologiques ou aux réunions professionnelles où se signent de grands accords qui se terminent toujours par des gesticulations et des selfies.
Tout cela est Fitur : un reflet de notre façon de comprendre le monde, un essaim ornithologique et compulsif qui, pendant cinq longs jours, interprète un scénario basé sur le postulat que le tourisme est cette activité suprême et rédemptrice qui ne présente même aucune contradiction. effets.
Bref, Fitur est une créature mystérieuse qui, comme le joueur de flûte de Hamelin, parvient chaque année à attirer toute la foule touristique avec sa mélodie évocatrice ; une harmonie qui n'est pas sans rappeler le bruit des conques parce que chacun l'imagine à sa guise et parce qu'elle finit par devenir un chant de sirène scandé à sa guise.
Et peut-être, juste peut-être, c'est pour cela que Fitur continue d'exister. Parce qu'en fin de compte, nous voulons tous nous libérer des liens de nos propres mâts, profiter des envoûtements musicaux et devenir les protagonistes d'un voyage qui, comme dans les meilleures histoires, se termine toujours par un feu d'artifice et une fin heureuse.

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